D’après une récente étude européenne, près de la moitié de nos compatriotes redoutent une dégradation de leur niveau de vie une fois retraités. Une crainte justifiée par la chute importante des revenus lors du passage à la retraite, particulièrement pour les cadres.
L'avenir financier des retraités français suscite de vives inquiétudes. Une enquête du cabinet de conseil Kearney, menée auprès de 6 200 personnes âgées d’au moins 18 ans dans 20 pays européens et publiée le 28 octobre 2025, révèle que 47 % des Français craignent pour leur niveau de vie après leur départ à la retraite.
Cette anxiété s'avère fondée. Le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites (COR) du 12 juin 2025 démontre que les salariés non-cadres perçoivent environ 70 % de leur dernier salaire une fois retraités, tandis que les cadres ne touchent que 50 %. Concrètement, le pouvoir d'achat des premiers diminue de 30 %, et celui des seconds de 50 %.
Les fonctionnaires pas épargnés
Cette baisse s'explique par le plafonnement des cotisations sur les retraites de base dans le secteur privé. Les retraites complémentaires Agirc-Arrco compensent partiellement ce manque : elles représentent 30 % de la pension globale des non-cadres et 60 % de celle des cadres. Cependant, leur rendement a été réduit pour combler le déficit de l’Agirc-Arrco, aggravant particulièrement la perte de pouvoir d’achat des cadres à la retraite
Les fonctionnaires ne sont pas épargnés. Bien qu'ils cotisent sur la totalité de leur rémunération hors primes, l'augmentation de la part des primes dans leur rémunération - souvent destinée à compenser le gel du point d'indice - réduit leur taux de remplacement. Selon le COR, leur retraite ne représente que 65 % de leur dernier traitement indiciel, soit une perte de pouvoir d'achat de 35 %. Tous les pourcentages cités par le COR concernent uniquement les départs sans décote. En réalité, les non-cadres, les cadres et les agents publics ont un taux de remplacement moins élevé en moyenne.
Une position moyenne en comparaison internationale
D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux de remplacement moyen se situe à 57,6 % en France. Le pays se classe ainsi au 21e rang sur les 38 États membres de l'OCDE. L’Hexagone reste néanmoins au-dessus de la moyenne de l'organisation représentative des pays développés (50,7 %), et même de celle de l'Union européenne (54,8 %).
L'étude de Kearney confirme que cette préoccupation dépasse nos frontières : 47 % des Européens s’inquiètent de leur niveau de vie à la retraite. Les Français apparaissent même relativement sereins comparés aux Espagnols (54 % craignent pour leur pouvoir d’achat après la vie professionnelle), aux Néerlandais (57 %) ou aux Britanniques (62 %).