Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la suspension de la dernière réforme des retraites jusqu’en 2028. Il n’est pas sûr, pour l’heure, que cette mesure soit mise en œuvre.
Pour la première fois, une réforme des retraites pourrait être suspendue en France. Lors son discours de politique générale prononcé le 14 octobre 2025 à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la suspension de la loi du 14 avril 2023 jusqu’au 1er janvier 2028. Cette mesure, décidée pour éviter la censure des députés socialistes, est introduite par une lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 présentée au Conseil des ministres du 23 octobre 2025.
Concrètement, la suspension va entraîner le gel jusqu’en 2028 des deux mesures phares de la réforme des retraites de 2023. À savoir : l’augmentation progressive de l’âge légal (l’âge minimum de départ à la retraite) de 62 à 64 ans et l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation ((le nombre de trimestres requis pour toucher une retraite sans décote), de 168 trimestres (42 ans) à 172 trimestres (43 ans). On ne sait pas, pour l’heure, ce qu’il adviendra des autres dispositions de la réforme de 2023, comme la pension globale minimale à 85 % du Smic net pour les salariés partis à la retraite avec tous leurs trimestres ou l’amélioration du compte pénibilité.
62 ans et 9 mois, 170 trimestres
La suspension devrait geler jusqu’en 2028 l’âge légal et la durée de cotisation à leurs niveaux actuels, c’est-dire ceux appliqués à la génération née en 1963. Soit 62 ans et 9 mois pour l’âge légal et 170 trimestres (42 ans et 6 mois) pour la durée de cotisation. Cette mise en pause va bénéficier aux personnes nées en 1964. Ces dernières vont ainsi pouvoir prendre leur retraite à 62 ans et 9 mois au lieu de 63 ans, et leur taux plein sera atteint à 170 trimestres au lieu de 171 trimestres.
Plusieurs scénarios sont possibles en 2028. La suspension de la réforme des retraites de 2023 peut être prolongée ou stoppée. Dans ce dernier cas, l’âge légal sera progressivement porté à 64 ans pour les assurés nés à partir de 1969 (au lieu de 1968) et la durée de cotisation sera fixée à 172 trimestres pour les assurés nés à partir de 1966 (au lieu de 1965). La réforme peut aussi être purement et simplement abrogée.
De nombreuses incertitudes
En réalité, tout va dépendre du programme du président de la République élu en juin 2027 et si le nouvel exécutif aura ou non la majorité à l’Assemblée nationale. En attendant, il faudra attendre de voir si le PLFSS 2026 est définitivement voté. En cas de non-vote, la suspension de la réforme des retraites pourrait être mise en place par ordonnances. Beaucoup d’incertitudes planent donc pour l’instant.