Lorsque vous êtes en arrêt de travail, la Sécurité sociale vous verse des indemnités journalières pour compenser, en partie, la perte de vos revenus professionnels. Il est important de savoir comment ces prestations sont calculées pour anticiper votre baisse de pouvoir d’achat en cas d’arrêt.
Introduction
Les indemnités journalières (IJ) sont versées par l’organisme d’assurance maladie de base obligatoire lorsque l’assuré est en arrêt de travail à la suite d’un accident ou d’une maladie. Ces prestations servent à compenser partiellement la perte de revenus professionnels consécutive à l’incapacité temporaire de travail.
Connaître le mode de calcul des IJ vous permet d’estimer le montant que vous êtes susceptible de toucher si vous êtes en arrêt de travail. Celui-ci dépend du niveau de vos revenus professionnels, ainsi que de votre statut professionnel.
Le calcul des indemnités journalières selon les régimes
Pour les salariés
L’indemnité journalière des salariés du secteur privé correspond à 50% de leur salaire journalier de base (SJB). Le SJB équivaut à la moyenne des salaires bruts des trois derniers mois précédant l’arrêt de travail (ou des 12 derniers mois en cas d’activité saisonnière ou discontinue), divisée par 91,25 (le nombre de jours par trimestres). Depuis le 1er avril 2025, il ne peut être supérieur à un plafond fixé à 1,4 fois le Smic mensuel brut en vigueur au 1er janvier (1,8 fois auparavant).
Le plafond du SJB s’élève ainsi à 2 522,52 euros brut par mois en 2025. Le montant maximum de l’IJ versée aux salariés du privé en cas d’arrêt de travail par leur caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) est donc égal à ([2 522,52 x 3] / 91,25) x 50%, soit 41,47 euros brut par jour cette année.
Pour les travailleurs indépendants
L’indemnité journalière des travailleurs indépendants (artisans et commerçants) est égale à 1/730ème de leur revenu d’activité annuel moyen (RAAM) des trois années civiles précédant l’arrêt de travail. Le RAAM ne peut excéder le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), revalorisé tous les ans.
Le PASS a été fixé à 47 100 euros au 1er janvier 2025. Le montant maximum de l’IJ versée par la CPAM aux artisans et commerçants en arrêt de travail équivaut donc, cette année, à 47 100 / 730, soit 64,52 euros brut par jour.
Pour les professions libérales
Depuis le 1er juillet 2021, tous les professionnels libéraux (hormis les avocats) ont droit à des indemnités journalières versées par leur CPAM en cas d’arrêt de travail. Elles correspondent à 1/730ème de leur RAAM des trois dernières années civiles, dans la limite de trois fois le PASS.
En 2025, le montant maximum de l’IJ servie aux professionnels libéraux est égal à (47 100 x 3) / 730, soit 193,56 euros brut par jour.
Les compléments possibles avec une assurance prévoyance
Comme vu précédemment, les indemnités journalières versées aux actifs du secteur privé par leur organisme d’assurance maladie obligatoire sont plafonnées. Pour réduire, voire supprimer, leur perte de pouvoir d’achat en cas d’arrêt de travail, ils ont la possibilité de souscrire un contrat d’assurance prévoyance qui leur servira des IJ complémentaires qui viendront, comme leur nom l’indique, compléter leurs IJ de base.
L’association d’assurés AGIPI distribue, par exemple, le contrat de prévoyance CAP destiné aux travailleurs indépendants et aux professions libérales. En fonction du niveau de cotisations choisi, il permet un maintien partiel ou total des revenus du professionnel en cas d’incapacité temporaire.
Les conditions et démarches à suivre
Les conditions pour bénéficier des indemnités
Pour pouvoir percevoir des indemnités journalières en cas d’arrêt de travail, il faut :
- Pour les salariés : avoir travaillé au moins 150 heures sur la période des trois mois ou les 90 jours précédant l’arrêt, ou avoir cotisé sur un salaire au moins égal à 1 015 fois le montant du Smic horaire brut au cours des six mois précédant l'arrêt de travail (12 028,20 euros brut en 2025)
- Pour les travailleurs indépendants et les professions libérales : justifier d’au moins 12 mois d’affiliation continus dans leur activité indépendante ou libérale.
Les démarches à effectuer en cas d’arrêt de travail
Quel que soit son statut professionnel, l’actif doit envoyer les volets 1 et 2 de son arrêt de travail prescrit par le médecin (ou la sage-femme pour les femmes enceintes) dans les 48h à la CPAM de son lieu de résidence. Le salarié doit, dans le même délai, transmettre le volet 3 de son arrêt à son employeur.
Délais de carence et durée maximale d’indemnisation
Le délai de carence pour percevoir les indemnités journalières versées par l’Assurance maladie est de trois jours. Cela signifie que le salarié, l’artisan, le commerçant ou le professionnel libéral commence à toucher les IJ à compter du 4ème jour d’arrêt de travail. Le délai de carence ne s’applique pas en cas de prolongation d’un premier arrêt de travail, d’un arrêt prescrit à la suite d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, ou encore en cas d’une interruption spontanée de grossesse (fausse couche).
Les IJ de base sont versées au maximum pendant 360 jours pour les salariés, les artisans et les commerçants ou pendant 90 jours pour les professionnels libéraux. Certaines caisses de retraite et de prévoyance libérales prennent le relais de la CPAM. Les chirurgiens-dentistes, les auxiliaires médicaux (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptiste), les experts-comptables et les avocats perçoivent des IJ de leur caisse respective à compter du 91ème jour et jusqu’au 1 095ème jour (3 ans) d’arrêt.
Exemples concrets de calcul
Cas pratique pour un salarié
Un salarié est payé 3 000 euros brut par mois. Son salaire est supérieur au plafond d’indemnisation, fixé à 1,4 fois le Smic (2 522,52 euros brut en 2025). En cas d’arrêt de travail, il percevra donc le montant maximal d’IJ, soit 41,47 euros brut par jour cette année. Cela signifie qu’il touchera 1 244,10 euros brut pour un mois à 30 jours ou 1 285,57 euros brut pour un mois à 31 jours. Il aura donc un manque à gagner mensuel de respectivement 1 755,90 euros brut ou de 1 714,43 euros brut.
Cas pratique pour un indépendant
Un artisan réalise des bénéfices de 60 000 euros par an (5 000 euros par mois). Son revenu professionnel dépasse le PASS, fixé à 47 100 euros en 2025. En cas d’arrêt de travail, il percevra donc le montant maximal d’IJ, soit 64,52 euros brut par jour cette année. Il touchera 1 935,60 euros brut pour un mois à 30 jours ou 2 000,12 euros brut pour un mois à 31 jours. Il aura donc un manque à gagner mensuel de 3 064,40 euros brut ou de 2 999,88 euros brut.
Conclusion
Les actifs perçoivent des indemnités journalières en cas d’arrêt de travail, destinées à compenser la perte temporaire de leurs revenus professionnels. Le montant des IJ varie selon leur statut professionnel et le niveau de leurs revenus d’activité.
Dans tous les cas, ces prestations sont plafonnées. Les salariés, travailleurs indépendants et professions libérales peuvent ainsi connaître une baisse de leur pouvoir d’achat lorsqu’ils sont en arrêt de travail. C’est pourquoi, il est recommandé de souscrire un contrat de prévoyance qui garantit un maintien total ou partiel du niveau de vie en cas d’incapacité temporaire.