À la veille de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, AGIPI a mis les femmes engagées à l’honneur lors d’une grande soirée organisée au parc Chanot à Marseille. Au programme, des témoignages de femmes venues de tous horizons et des échanges autour de leurs extraordinaires parcours. Retour sur un événement inspirant.

C’est devant une audience de 1 000 personnes, très majoritairement féminine, que la journaliste Raphaëlle Duchemin a accueilli, le 24 novembre dernier, les participants à cette soirée AGIPI dédiée aux femmes engagées.

François Pierson, président d’AGIPI, Muriel Réus, présidente et fondatrice de l’association FEMMES avec… et Florence Richardson, présidente du réseau Femmes Business Angels et cofondatrice de WinEquity, ont débuté la soirée. « Il y a des injustices faites aux femmes. L’ignorance de leurs compétences et de leur formidable capacité d’engagement est aussi une forme de violence et d’injustice », a déclaré le président d’AGIPI. Muriel Réus a rappelé que « un tiers des femmes sont victimes de violences dans le monde ». Pour Florence Richardson, « une solution se trouve dans l’autonomie et l’indépendance financière des femmes ».

AGIPI met les femmes engagées en lumière

ne première table ronde a réuni Tatiana Brillant, ancienne négociatrice au Raid, Isabelle Bérard, lieutenante-colonelle pompier aux SDIS13 et Violaine Roger, fondatrice de l’association La Maison des Plus Petits. Ensemble, elles ont échangé autour de la question : comment s’imposer dans des univers très masculins ? « Ma profession a été ouverte aux femmes en 1976, j’avais deux handicaps : j’étais une femme et j’étais jeune. Pour y arriver, j’ai toujours dû être première », a développé Isabelle Bérard. Pour ces femmes, trouver sa place nécessite de bien se connaître, de réaliser les bons choix et d’oser.

Elles ont ensuite laissé leur place à Nathalie Hagège, docteur en biochimie, Bianca Farrugia, coordinatrice de projets et Emma Clair-Dumont, sportive de haut niveau. Trois femmes passionnées qui ont insisté sur l’importance de l’entraide féminine. « L’entrepreneuriat féminin est sous-représenté. Il est primordial d’accompagner les femmes afin de lever leurs freins souvent issus de l’autocensure», a expliqué Bianca Farrugia.

Des échanges captivants qui se sont conclus par un spectacle de l’humoriste Sandrine Sarroche. Avec ses sketchs et chansons autour des femmes, elle nous a offert le pouvoir du rire. Après les applaudissements soutenus du public, toutes les femmes présentes ont pu librement échanger en toute convivialité.

Une soirée marquante qui a permis de prouver une nouvelle fois que rien n’est impossible lorsque l’on est une femme et d’inspirer celles et ceux qui souhaitent aussi contribuer à l’amélioration de la vie en société.

Rencontre avec quatre femmes engagées présentes lors de la soirée

Tatiana Brillant, ex-négociatrice au Raid et consultante
Tatiana Brillant, ex-négociatrice au Raid et consultante

Pourquoi était-il important d’être présente ce soir ?
Pour montrer que rien n’est impossible, même si on est une femme.

Comment avez-vous pu trouver votre place au Raid ?
En découvrant un article à la bibliothèque universitaire sur la prise d’otage à la maternelle de Neuilly, j’ai eu une révélation : j’ai découvert qu’on pouvait résoudre une crise par la communication. J’ai commencé une carrière dans le judiciaire et passé les tests pour intégrer le Raid avec succès. Dans un premier temps, ils ont donné le poste à un homme, qui était deuxième, mais il n’a pas pu poursuivre. Ils sont alors revenus vers moi et j’ai pu réaliser mon rêve. J’étais la seule femme et les hommes n’avaient pas l’habitude de voir une femme à leurs côtés. Mais je ne me suis jamais excusée d’être là !

Les femmes ont-elles des atouts psychologiques pour les négociations ?
Oui, les hommes sont plus frontaux, plus physiques. Les femmes tentent davantage de résoudre les difficultés par le dialogue.

Violaine Roger, fondatrice de l’association La Maison des Plus Petits
Violaine Roger, fondatrice de l’association La Maison des Plus Petits

Quel est votre parcours ?
J’étais dernière de ma classe à l’école. Mais je me suis révélée et je suis devenue assistante sociale, puis j’ai passé mon diplôme d’infirmière. À l’hôpital, j’ai découvert que des enfants nés avec un polyhandicap ou une grave maladie étaient abandonnés par leurs parents ou placés par la DASS. Faute de familles d’accueil et de structures existantes, ces enfants passaient leur vie à l’hôpital. J’ai eu l’idée de monter une maison spéciale pour les accueillir, mais aucune institution ne voulait m’aider. Aujourd'hui tout a changé et j'ai pu ouvrir la première Maison à Marseille.

Comment voyez-vous la suite ?
D’autres maisons vont voir le jour, une à Paris et une autre dans les Yvelines. J’espère que ce n’est que le début.

Emma Clair-Dumont, sportive de haut niveau
Emma Clair-Dumont, sportive de haut niveau

Pourquoi était-il important d’être présente ce soir ?
Je voulais, par mon histoire, dire aux femmes que rien ne leur est interdit, aussi bien au quotidien que pour les défis les plus audacieux. Nous avons bien plus de forces physiques et mentales que nous le croyons.

​​​​​Comment êtes-vous parvenue à gravir l’Everest ?
J’ai appris à courir à 40 ans et j’ai participé à un premier marathon. Puis, je me suis dit que j’allais faire 7 marathons, en 7 jours sur 7 continents. Après avoir réussi, je me suis intéressée à la montagne. Je me suis entraînée pour gravir le Kilimandjaro puis le mont Blanc. L’Everest était un projet très engageant : il me fallait être prête à affronter des conditions physiques extrêmes, comme le froid et le manque d’oxygène. Cela a nécessité un grand travail d’introspection car on sait que la mort est là, que tout peut s’arrêter en un instant. J’y suis arrivée.

Qu’est-ce qui a été le plus dur par la suite ?
Arrivé au sommet, on a très peu d’oxygène. Il faut rester vigilant. On ne peut pas rester longtemps, ni s’esclaffer de joie. Il faut refaire le parcours en sens inverse et être confronté de nouveau aux mêmes difficultés. J’étais montée sur le sommet pour moi. Je suis redescendue pour mon fils et mon mari.

Nathalie Hagège, docteur en biochimie, fondatrice et présidente de la société Proneem
Nathalie Hagège, docteur en biochimie, fondatrice et présidente de la société Proneem

Quel message avez-vous voulu faire passer ce soir aux participantes ?
Entre femmes, nous devons nous entraider. Les hommes le font facilement mais rares sont les femmes qui appellent d'autres femmes pour leur demander de l’aide.

Comment avez-vous trouvé votre place, le milieu scientifique et l’entrepreneuriat étant deux univers très masculins ?
Travailler dans des univers masculins n’a jamais été un problème. Aujourd’hui, je suis souvent la seule femme autour de la table. Pendant longtemps, les hommes se demandaient ce que je faisais là. Je n’ai pas vu ça comme une barrière, je suis restée humble et ai fait mes preuves par mon travail.

Comment se traduit aujourd’hui votre engagement auprès des femmes ?
Dans le business international, on dénombre très peu de femmes. Je suis certes engagée mais je suis surtout concernée. J’ai embauché beaucoup de femmes dans mon entreprise. J’essaie de soutenir les initiatives féminines. L’entraide, c’est gratuit et nous avons besoin de cette solidarité entre femmes.

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