A partir de 2000 : ISR, ESG, la finance verte prend son envol
A l’aube du nouveau millénaire, la conjonction de plusieurs initiatives comme la création du Fonds de réserve pour les retraites, la généralisation de l’épargne salariale et l’adoption d’une loi incitative sur la communication extra-financière vont contribuer à développer l’offre de produits financiers socialement responsables. En suscitant l’intérêt pour les critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance), l’Investissement Socialement Responsable va progressivement imprégner tout l’univers de la finance et donner naissance aux initiatives les plus variées.
La loi sur l’épargne salariale (19 février 2001) impose les fonds solidaires

Les critères extra-financiers apparaissent dans les rapports annuels (15 mai 2001)

Le Fonds de Réserve pour les Retraites en pointe de l’investissement responsable

Les premiers indices boursiers éthiques voient le jour en Europe (juin-juillet 2001)
Encouragées par les régulateurs (voir par exemple la loi NRE ci-dessus), les entreprises communiquent progressivement davantage sur leurs performances en matière d’Environnement, de social et de gouvernance (ESG). En parallèle, des agences de notation extra-financière qui évaluent le niveau de responsabilité sociale des sociétés cotées voient le jour. En France, l’agence Arese (Agence de rating social et environnemental des entreprises), créée en 1997, fusionne avec l’agence Vigeo dès 2002. Entre-temps, quatre indices boursiers ISR ont été lancés à travers toute l’Europe.
Il s’agit de :
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L’ASPI Eurozone en France (juin 2001) qui comprend 120 valeurs
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L’Ethibel Sustainability Index en Belgique (juin 2001) avec ses 200 actions
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Le FTSE4Good au Royaume-Uni (juillet 2001) et ses 300 sociétés
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Le Dow Jones Sustainability Index en Suisse (octobre 2001) et ses 300 titres
La plupart de ces indices suivent une approche dite de « Best-in-class » ou « Meilleur de la classe ». Plutôt que d’exclure a priori des activités jugées immorales comme cela est le cas de la gestion éthique, le « best in class » privilégie les entreprises les plus vertueuses d’un secteur en matière par exemple de conditions de travail, de relation avec les partenaires de la société (actionnaires, fournisseurs, société civile), de respect des normes environnementales et des droits de l’Homme à travers le monde. Cela favorise et encourage les entreprises qui participent au développement durable de la communauté tout en permettant une diversification suffisante des placements pour réaliser des gains financiers.
L’Erafp adopte une charte ISR pour ses placements (2006)

Les PRI : le début de la diffusion à l’ensemble du monde de la finance (2006)

Emission de la première obligation verte (2008)

😉L’anecdote : Un fonds de pension suédois à l’origine de la première obligation verte
A la fin de l’année 2007, la Banque mondiale reçoit un appel d’un fonds de pension suédois. A la suite de la publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental (Giec) sur le lien entre activité humaine et réchauffement de la planète, celui-ci souhaite investir dans un placement de long terme à la fois peu risqué et qui finance des projets respectueux du climat. Or à l’époque, aucune des solutions disponibles sur le marché ne permet de répondre à ces exigences. En moins d’un an pourtant, la Banque mondiale va élaborer le premier projet obligataire ouvrant la voie à une façon sûre et utile de placer son argent. Les obligations vertes sont en effet un produit qui permet d’emprunter de l’argent pour financer des projets contribuant à la transition écologique (énergies renouvelables, efficacité énergétique, gestion durable des déchets et de l’eau, exploitation durable des terres, transports propres,…) tout en permettant, de rembourser les investisseurs selon des conditions clairement définies et à un terme prévu dès le départ. Elles se distinguent des obligations classiques car elles donnent lieu à un rapport détaillé sur le caractère vert des projets financés.
L’article 173 met les grands investisseurs devant leurs responsabilités (2015)
- La mesure de l’empreinte carbone des portefeuilles afin de mesurer les émissions de gaz à effet de serre engendrées par les investissements
- L’analyse des risques financiers potentiels pour les portefeuilles en raison du passage progressif à une économie bas-carbone ou de la survenue d’évènements extrêmes comme la montée du niveau des eaux ou des épisodes climatologiques intenses
- La mesure de l’alignement de chaque portefeuille par rapport à une trajectoire d’augmentation de la température de deux degrés et le calcul de parts vertes (finançant la transition) et brunes (contraires à la transition)
Les sociétés cotées en bourse sont aussi concernées par ce fameux article puisqu’elles doivent déclarer dans leur rapport annuel les risques financiers liés aux effets du changement climatique et les mesures adoptées pour les atténuer. En d’autres termes, il va leur falloir s’approprier une grille de lecture centrée sur la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Cette dernière va les pousser à chercher à avoir un impact positif sur la société tout en respectant l’environnement et en étant économiquement viables.

La variété des goûts des placements responsables (depuis 2020)
Presque 40 ans après l’apparition des premiers fonds de placement éthiques en France, l’offre de produits s’est adaptée à la fois à la demande des investisseurs mais aussi en fonction des convictions des sociétés de gestion. Désormais, en plus de l’approche éthique pratiquant l’exclusion de certains secteurs d’activité pour des raisons morales, il est possible pour un épargnant de choisir entre quatre approches en matière d’investissement responsable. Toutes utilisent selon une plus ou moins grande intensité les critères d’Environnement, de social et de gouvernance (ESG) :
- Le Best-in-class (ou « meilleur de la classe ») est l’approche la plus répandue aujourd’hui. Elle consiste à intégrer seulement dans un fonds les entreprises affichant les meilleurs scores ESG.
- Le Best-in-universe (ou « meilleur de l’univers ») sélectionne uniquement les sociétés les mieux notées d’un point de vue extra-financier indépendamment de leur secteur d’activité. Cette démarche conduit à adopter des biais sectoriels importants dans un portefeuille de titres.
- Le Best effort (ou « meilleur effort ») qui privilégie les actions de sociétés qui font la preuve d’une amélioration de leurs pratiques ESG dans le temps.
- L’investissement thématique qui favorise la sélection d’entreprises selon des critères et des secteurs spécifiques liés au développement durable et à l’environnement, au domaine social ou au critère de gouvernance.

L’innovation se poursuit pour une finance toujours plus verte et transparente

Du capital-investissement plus accessible et durable
Désormais, les investisseurs particuliers détenteurs d’un contrat d’assurance-vie peuvent souscrire à des unités de compte investies dans des fonds communs de placement à risque (FCPR). Jusque-là réservés aux seuls investisseurs institutionnels, ces produits permettent de prendre des parts dans des sociétés non cotées en bourse. L’intérêt de ce type de placement réside plus particulièrement dans le fait d’accéder à des projets de financement de long terme respectant les fameux Principes pour l’Investissement Responsable (PRI). En juin 2020, d’après l’association France Invest, toutes les sociétés de capital-investissement françaises en étaient en effet signataires.
Mieux encore pour les épargnants soucieux d’adopter une démarche responsable, un tiers des sociétés de capital-investissement hexagonales sont aussi signataires de l’initiative Climat. Elles s’engagent ainsi dans une démarche de long terme qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre des entreprises figurant dans leurs portefeuilles tout en assurant la durabilité de leurs résultats. Au fil du temps, la transparence sur les investissements réalisés s’améliore pour le plus grand bénéfice des investisseurs.
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Une épargne retraite plus transparente et labellisée

L’apparition des sociétés à mission
Créé par l’article 176 de la loi Pacte, le statut d’Entreprise à Mission a été adopté lors de l’Assemblée Générale de Danone le 26 juin 2020. Ce vote fait d’elle la première société cotée française à adopter cette nouvelle forme. La voici officiellement dotée de statuts où figurent sa raison d’être et ses objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux.
Le 9 décembre 2020, la société de gestion Mirova a également sauté le pas et s’est fixé 5 objectifs :
- Faire de l’impact positif un objectif systématique de ses stratégies d’investissement
- Cultiver et approfondir ses expertises sociales et environnementales
- Innover en permanence sur ses produits et ses approches au service de l’impact
- Accompagner ses parties prenantes vers une économie et une finance durables
- S’appliquer à elle-même les standards environnementaux et sociaux qu’elle défend.
